TCEPA? organise à Bordeaux la première édition de son festival « POING de Non-Retour », à l’occasion du cinquantenaire de mai 1968, en partenariat avec la Bibliothèque Mériadeck, dans le cadre de la « Fabrique du citoyen 3 », mais aussi avec le SQUID (Centre Social autogéré), l’association Street Def Records et le GERME.
L’association TCEPA?, pour « Toutes Choses Etant Egales Par Ailleurs ? » s’est créée en 2016 sein de l’IEP, mais aussi sur le campus et plus largement en France. Association « culturelle de lutte »,ses activités sont diverses : conférence avec des invités-es de bon gout, ciné-débats raffinés, table-rondes endiablées des étudiant-es, tout ceci avec enthousiasme afin de favoriser l’esprit critique au sein de Sciences Po Bordeaux.
« Poing de non-retour » édition 2018, ci-après description des intervenants et des évènements. aussi téléchargeable en pdf.
❖ Antoine Hacke, « Guy Debord et Mai 68 » 28 février 2018, 17h, Sciences Po Bordeaux, Amphi E. La Boétie
Professeur de philosophie, théoricien à la Wertkritik (critique de la valeur) et militant communiste libertaire.
« Guy Debord, en 1967, réactualise la critique marxienne du fétichisme de la marchandise, et la critique lukacsienne de la réification. En détournant la première phrase du Capital, il affirme que le monde dans lequel règnent les conditions modernes de production est devenu une immense accumulation de spectacles (La Société du Spectacle, I, 1). Contrairement au préjugé commun, le spectacle ne désigne que de façon secondaire et dérivée les images médiatiques, publicitaires ou promotionnelles qui accompagnent le processus d’accumulation de marchandises. Plus fondamentalement, le spectacle est une médiation sociale propre à la société capitaliste, indissociable de la dynamique de ses catégories de base que sont le travail, la valeur, la marchandise et l’argent. Anselm Jappe, dans son fameux ouvrage sur Debord (qui fut salué par Debord lui-même), orienta l’interprétation du texte debordien vers cette direction, qui accorde à la critique marxienne du fétichisme marchand et de la valeur une importance décisive. Il s’agira d’approfondir cette lecture, et de voir en quoi elle est susceptible, encore aujourd’hui, de déterminer à nouveaux frais les enjeux révolutionnaires. »
❖ Robi Morder « Mai 68 et le militantisme étudiant » 8 Mars 2018, 18h, Bibliothèque Mériadeck
Président du Groupe d’Etude et de Recherche sur les Mouvements Etudiants, juriste du travail, politologue, spécialiste des mouvements lycéen et étudiant.
« Mai 68, en vérité mai et juin, c’est un moment ou dans la jeunesse scolarisée, chez les étudiants et lycéens, révolution et réforme sont mêlées dans un même moment puisque l’étincelle étudiante avait allumé la mèche de la grève générale, jusqu’à faire trembler le système sur ses bases et vaciller le pouvoir politique. Mais ce printemps s’inscrit dans une longue période, « les années 1968 » qui vont de la fin de la guerre d’Algérie au milieu des années 1970 quand la crise économique et le chômage transforment les perceptions et les actions collectives. Donner à voir ce qu’a été mai et juin ce qu’on été ces années 68 dans le monde universitaire c’est pouvoir s’éloigner des mythes et légendes, s’approcher de la réalité qui, à bien des égards, demeure toujours d’actualité. »
❖ Gerard Raulet, « « L’influence de Hebert Marcuse sur les évènements de 1968 » 15 Mars 2018, 18h, Bibliothèque Mériadeck
Professeur des Universités Paris IV Sorbonne, philosophe et historien des idées, spécialiste de la philosophie allemande, notamment de l’école de Francfort.
« Dans Le Monde daté du 10 janvier 1968, Gabrielle Rollin recommande, dans les programmes des éditeurs pour la nouvelle année, quatre ouvrages de philosophie : le tome 3 de la Correspondance de Hegel, L’histoire des idées en Occident de Jean-François Revel, la Théologie de l’histoire d’Henri Marrou et L’homme unidimensionnel « du professeur Herbert Marcuse ». Elle ne croyait pas si bien dire. A partir de 1968 le nom de Marcuse est dans toutes les bouches, et sous toutes les plumes, à l’égal d’Ilitch ou de McLuhan. Si tout le monde ne l’a pas lu, presque tout le monde sait qui il est.
L’intervention de Gérard Raulet brossera un tableau des organes et des canaux de la réception de Marcuse, en mai et avant mai, de l’École pratique des hautes études à la revue trotskiste Partisans, en passant par le collectif d’intellectuels regroupés dans la revue Arguments. C’est ainsi une sociologie de la vie intellectuelle que permet d’esquisser le « phénomène Marcuse». »
❖ Jean Pierre Duteuil, « L’expérience d’un étudiant de mai 68 » Mardi 27 mars 2018, Sciences Po Bordeaux, Amphi E. La Boétie
Militant anarchiste et éditeur français. Auteur de Mai 68, un mouvement politique chez Acratie en 2008
« Réduit à une pure dimension culturelle (elle-même vidée de son contenu subversif) par ceux qui veulent éradiquer toute idée de révolution et de critique du capitalisme, Mai 68 ne fut pas un accident de l’Histoire sans suite. Pour de nombreux ouvriers, Mai 68 commence dès 1966 avec les révoltes à Caen, en Lorraine, à Fougères, à Redon ou à Saint-Nazaire ; avec un mouvement paysan en pleine mutation qui redécouvre l’affrontement avec la police ; avec un mouvement lycéen qui émerge plus d’un an avant les fameux événements. Sans en prévoir ni les formes ni le déroulement, il fallait être aveugle pour ne pas voir que de grandes choses se préparaient. La France ne s’ennuyait pas, la lutte des classes n’était pas rangée au rayon des antiquités, la classe ouvrière n’avait pas fait ses adieux. Mai 68, ce furent aussi de nouvelles formes d’organisation que l’on retrouvera tout au long des quarante années qui suivront : les Comités d’action, avec la volonté d’autonomie et la défiance vis-à-vis des structures syndicales et politiques. Autant dire qu’après les luttes et les expériences de l’hiver 2007 cela est toujours d’actualité ! Mai 68 ouvre une période de « divorce entre la classe politique, les médias, les intellectuels d’un côté et la société civile de l’autre », comme ils disent. Eh bien, tant mieux ! »
Mai 68, un mouvement politique
❖ Nicolas Patin, « 1968, un phénomène mondial » 10 avril 2018, Station Ausone.
« Mai 1968 » : tout le monde en France associe l’expression aux barricades, aux pavées, au regard de défi de Daniel Cohn-Bendit, à la révolte étudiante et ouvrière qui secoua la République… Mais « 1968 » est tout sauf un événement uniquement hexagonal. En Allemagne, en Italie, au Mexique, aux USA, de l’autre côté du rideau de fer et en Afrique, les jeunesses du monde se sont soulevés, ont protesté, se sont organisées. Lutte contre la guerre du Vietnam, guerre froide, anti-impérialisme, contre-culture et identité générationnelle se sont mariés pour former une révolte culturelle et politique qui débouche, dans certains pays, sur la violence. Les effets de cet événement sont encore, partout, présents.
Professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Bordeaux et à l’Université Bordeaux Montaigne
PROJECTIONS
❖ Projection, La société du spectacle par Guy Debord en présence d’Antoine Hacke 28 février 2018, 20h30, Squid
Adaptation par Guy Debord filmographique en1974 du livre la Société du spectacle de Guy Debord paru en 1967.
« Puisque chaque sentiment particulier n’est que la vie partielle, et non la vie tout entière, la vie brûle de se répandre à travers la diversité des sentiments, et ainsi de se retrouver dans cette somme de la diversité… Dans l’amour, le séparé existe encore, mais non plus comme séparé : comme uni, et le vivant rencontre le vivant. »
❖ Projection, La Chinoise par Jean-Luc Godard 9 Mars 2018, 20h30, Squid
❖ Projection, La dialectique peut-elle casser des briques ? 12 mars 2018, 14h, Amphi Etienne de la Boétie
ATELIER-SCENE
❖ Atelier d’écriture de Slam autours des slogans de mai 1968, animé par Street Def Records (sur inscription) 10 mars 2018, 14h, Bibliothèque Mériadeck
❖ Scène Slam ouverte autours des slogans de mai 1968, animé par Street Def Records 10 mars 2018, 18h, Bibliothèque Mériadeck
